Une autre cofondatrice pour Montréal?..Another cofoundress for Montreal?
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Dans la foulée de la reconnaissance officielle de Jeanne Mance comme cofondatrice de Montréal, verrons-nous ce titre accordé à Marguerite Bourgeoys, dont la contribution a assuré la survie de Ville-Marie, au début de la colonie?
C’est ce que suggèrent des sites Web comme celui du Diocèse d’Edmunston, celui du Vatican, de la Congrégation de Notre-Dame, ainsi que celui de l’Oratoire Saint Joseph, qui lui reconnaissent la cofondation de Montréal.
Il est indéniable que Marguerite Bourgeoys a servi de façon héroïque la colonie naissante de Ville-Marie. Voici quelques autres titres qu’on lui accorde en vertu de ses oeuvres: fondatrice des Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame de Montréal (première communauté de religieuses non cloîtrées), Mère de la colonie et cofondatrice de l’Église du Canada. Faut-il ajouter à cela le titre de cofondatrice de Montréal?
Explorons son oeuvre.
La Congrégation de Notre-Dame (en France), fondée en 1598 par Alix Leclerc, sous l’instigation de l’abbé Pierre Fourier, avait un couvent à Troyes. Ces religieuses étaient cloîtrées et donc ne pouvaient sortir pour exercer leur apostolat en dehors du monastère. Elles eurent recours à un moyen terme: une congrégation dite «externe». Après son appel à la vie consacrée, la première démarche de Marguerite Bourgeoys fut d’entrer dans la congrégation externe de Troyes. La directrice des congréganistes était alors mère Louise de Chomedey de Sainte-Marie, sœur de Paul de Chomedey de Maisonneuve, gouverneur de Ville-Marie. Par elle, Marguerite entendit parler de la fondation de Ville-Marie et des missions au Canada. Marguerite Bourgeoys perçoit alors un premier appel à la vie missionnaire. Sa vocation en Nouvelle-France, en terre de mission, serait donc dans la foulée de la fondation de Montréal!
Sœur Louise de Chomedey et quelques compagnes intéressées au projet ont insisté auprès de Maisonneuve, de passage à Troyes en 1652, pour qu’il les amène à Montréal. Mais il refusa à cause des minces chances de subsister d’une communauté religieuse à Ville-Marie. Il profite de l’occasion pour exposer à sa soeur le besoin de la colonie: une institutrice laïque pour enseigner aux enfants des colons et des Indiens. Elle lui recommande alors Marguerite Bourgeoys qui accepte la tâche avec joie.
Elle contribuera de façon significative à donner un second souffle à l’âme de la colonie. Elle met les pieds en sol missionnaire en 1653, en tant que membre de la «grande recrue», venue pour «sauver» littéralement le projet initial de Jérôme le Royer. De toute évidence, la jeune colonie ne pouvait survivre sans le secours apporté par cette nouvelle recrue.
Lors de ses nombreux voyages en France, elle se voit confier les Filles du Roi, des jeunes filles destinées à fonder des familles pour le peuplement de la colonie. Elle les accueille chez elle, les prépare à la dure vie qui les attend, et leur offre gîte et soutien jusqu’à leur mariage. Ainsi lentement naît un système scolaire et se tisse un réseau d’oeuvres sociales qui, peu à peu, s’étendront à tout le pays, ce qui lui vaudra le titre de «Mère de la Colonie».
En 1655, elle fait construire une petite chapelle, dédiée à Notre-Dame-de-Bon-Secours, qui occupera une place particulière dans la mémoire et dans le coeur de plusieurs générations de visiteurs et de pèlerins à Montréal. En 1658, elle fonde sa propre communauté religieuse: une congrégation externe dévouée à parfaire l’éducation religieuse des femmes et des jeunes filles. Tout au long de sa vie, elle aura à défendre sa congrégation, une des premières communautés religieuses pour femmes non cloîtrées, qui subvenait à ses propres besoins et qui a survécu jusqu’à ce jour. C’était un précédent dans l’Église catholique de l’époque.
La Congrégation de Notre-Dame de Montréal reçut sa charte civile de Louis XIV en 1671, puis canonique suite à une demande écrite de l’évêque de Québec en 1676, et enfin l’approbation de ses constitutions religieuses en 1698, deux ans avant la mort de sa fondatrice, cinq ans après que Marguerite Bourgeoys eut cédé sa place comme supérieure de la communauté. Ses œuvres lui vaudront le titre de cofondatrice de l’Église du Canada.
Est-ce que Marguerite Bourgeoys a contribué de façon extraordinaire à l’implantation d’une colonie missionnaire en Nouvelle-France? Sans aucun doute. Peut-on considérer son implication comme héroïque? Très certainement. Peut-on la considérer comme cofondatrice de Montréal? Qu’en pensez-vous?
Christian Tessier
Article provenant du site Tendances et Enjeu, publié le 8 septembre 2012, et adapté pour la présente publication.
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In the wake of the official recognition of Jeanne Mance as cofounder of Montreal, are we likely to see such title attributed to Marguerite Bourgeoys, whose contribution helped save Ville-Marie, in the early days of the colony?
Such is the suggestion made by certain Web sites, amongst those that of the diocese of Edmunston, of the Vatican, of the Congregation of Notre-Dame, as well as Saint Joseph’s Oratory.
It is undeniable that Marguerite Bourgeoys served heroically the emerging colony of Ville-Marie (New France). Here are some of the titles she “earned” through her works: founder of the Sisters of Congregation Notre-Dame of Montreal (first non-cloistered religious order for women), Mother of the French colony, co-founder of the Church of Canada. Do we have to add to those titles that of cofoundress of Montreal?
Let’s take a look at her works.
The Congregation of Notre-Dame (France), founded in 1598 by Alix Leclerc, under the instigation of father Pierre Fournier, had a convent in Troyes. These sisters were cloistered nuns, and could not extend their works beyond the physical boundary of their convent. By creating an “external” congregation were they able to circumvent these restrictions. To answer her call to consecrated life, Marguerite Bourgeoys’ first move was to join the external Congregation in Troyes. Mother Louise de Chomedey de Sainte-Marie, sister of Paul de Chomedey de Maisonneuve, was their superior at the time. Through her, Marguerite first heard about the foundation of Ville-Marie and the missions to Canada. It was then that she felt her first call to missionary work. Thus, it is in the wake of the foundation of Montreal that she felt called to consecrate her life to the missions in New France.
Maisonneuve happened to make a trip to France in 1652, in preparation for the “great recruit” the following year. Sister Louise de Chomedey and a few followers, interested by the work being done in Montreal, asked Maisonneuve with insistence to join the mission. He refused because of the low probability of survival of an established religious community in Ville-Marie. Nevertheless, the colony being in need of a schoolteacher for the children of settlers and natives, Marguerite Bourgeoys is more than happy to embrace the task.
Her contributions were significant and instrumental in helping the colony catch its second breath. She set foot in Ville-Marie in 1653, along with over one hundred others who came to literally save Jerôme Le Royer’s initial project. Without this additional support, the colony could not have survived much longer.
On the occasion of her frequent trips to France, young ladies, “Filles du Roi” destined to found families for the expansion of the colony, were entrusted to her care. Marguerite Bourgeoys would take them under her wing and prepare them for the tough life of settlers, by providing a roof over their head, education and support until they found a husband. Slowly but surely a school system started to emerge and a social network would begin to reach other communities across the whole country. This would earn her the title of "Mother of the colony".
In 1655, she helped erect a small chapel dedicated to Notre-Dame-de-Bon-Secours. Over centuries, it brought fond memories in the hearts and minds of generations of pilgrims and visitors in Montreal. In 1658, she founded her own religious community: an external congregation, dedicated to the religious up-bringing of women and young ladies. Throughout her whole life she had to fight for the status of her congregation, one of the first non cloistered religious community for women, which was self-sufficient and which survived to this day. It was a precedent for the Catholic Church in those days.
The Congregation of Notre-Dame of Montreal received its official charter from king Louis XIV in 1671, its canonical charter following an official written request by the bishop of Quebec in 1676, and finally the approval of its religious constitutions in 1698, two years prior to Marguerite Bourgeoys’ death and five years after she had been replaced as superior of her congregation. These accomplishments would earn her the title of cofoundress of the Church of Canada.
Did Marguerite Bourgeoys make an extraordinary contribution towards the establishment of the colony in New France? Without a doubt. Can we consider her involvement as heroic? Most certainly. Can she be considered as cofoundress of Montreal? What do you think?
Christian Tessier
Article from the website Tendances et Enjeu (Trends and Issue), published on September 8, 2012, and adapted for this publication.
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